Lettre d’Antonin Artaud à Marcel Pagnol recommandant Annie Besnard.

Dans la chronologie publiée par Paul Thevenin dans le Magazine Littéraire d’avril 1984 et dans le Quarto sur Antonin Artaud des éditions Gallimard, nous apprenons qu’Antonin Artaud a rencontré Anie Besnard en février 1933. Alain Virmaux, dans « Artaud Vivant », situe cette rencontre en décembre 1929, tandis que Florence de Mèredieu, dans « C’était Antonin Artaud », la place en 1930. Lors d’une interview, lorsqu’Alain Virmaux demande à Anie Besnard comment elle a rencontré Artaud, celle-ci répond : « Vous me ramenez bien des années en arrière. Ce devait être vers 1930, j’avais une quinzaine d’années. Je venais de quitter ma famille, j’étais seule, en larmes, quand une main s’est posée sur mon épaule. »

Dans le film documentaire « La véritable histoire d’Artaud le Mômo » de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Anie Besnard raconte avoir rencontré Artaud derrière la petite église du Boulevard Montparnasse. Elle était en train de pleurer et Artaud, très ému, a mis sa main sur son épaule et a dit : « Comment ? Mon ange pleure. Est-ce que vous avez faim, mon enfant ? » Anie Besnard lui a demandé de la laisser seule. Artaud lui a répondu : « Je vais aller au bar du Dôme et je vais vous attendre pendant une heure. Si au bout d’une heure vous n’êtes pas venue, je penserai qu’un ange est passé dans ma vie. »

Ce qui est certain, c’est que le 12 octobre 1932, Antonin Artaud recommande Anie Besnard à deux producteurs de cinéma de l’époque : 

1) Roland Tual (1902-1956) : « Voudriez-vous voir un instant Mlle Anie Besnard dont je vous ai déjà parlé dans une lettre ? Elle a très besoin de tourner et je sais qu’elle est assez jolie pour qu’on s’intéresse à elle, surtout qu’elle ne demande que d’être convoquée. » 

2) Marcel Pagnol qui, au printemps 1932, venait de fonder sa propre société de production : « Cher ami, Je vous envoie Mlle Anie Besnard dont je vous avais déjà parlé, car elle a besoin de travailler et elle est très jolie et pourra rendre des services quand on la convoquera. Vous m’obligeriez beaucoup en la voyant un instant. Merci et toutes mes amitiés. Antonin Artaud.»

Quelques temps plus tard, le 2 novembre de la même année, l’adaptation cinématographique de sa pièce « Fanny », réalisée par Marc Allégret, sortit sous sa production.


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