Artaud : Au-delà de l’Enveloppe Mortelle

Ce n’était pas Antonin Artaud. Ce n’était point là l’essence d’Antonin Artaud. Artaud échappe à toute tentative de définition par un simple acte de naissance ou par les contours restreints des documents administratifs. Son corps, reposant au cimetière d’Ivry, n’est qu’une enveloppe. Une coquille pour le clergyman. Artaud, dans son essence, incarne une force vitale, un souffle de vie, un taux vibratoire élevé, un courant magnétique vibrant. Sa perle précieuse ne se réduit ni à un passeport, ni à ce corps transféré à Marseille en 1975 pour reposer dans le caveau familial. Artaud n’est pas davantage cette lettre extraite d’un asile psychiatrique, vendue 4000 euros. Le reflet de sa vitalité (sa lune/perle) sont ses écrits. Ce qui reste encore un peu vivant de ce que fut Artaud, c’est son œuvre : une autre manière de vivre et de penser, un vent de liberté, un principe actif qui défie la puanteur ambiante. Pour insuffler la vie à ce monde éteint, animons-le de guerres de principes, en abandonnant les querelles sur des cadavres motivées par l’auto-plaisance et la cupidité. L’or véritable d’Artaud ne réside ni dans un musée, ni dans un auditorium universitaire. Certes, musées, conférences, cimetières, photographies, notre revue, nos livres, notre futur projet biographique (voir le prochain numéro d’Écho Antonin Artaud) et nos publications anecdotiques, telles que celle-ci, attirent l’attention, nous guident et rappellent son existence. Mais, il est essentiel de se rappeler que si indiquer la lune est important, il ne faut pas fixer le doigt, mais regarder vers la lune elle-même. C’est elle qui éclaire, elle qui réfracte la lumière du soleil. Ce soleil que nous fuyons nous qui avons peur de sacrifier ce corps de merde et le regarder en face, comme Artaud l’a fait. Ce soleil qui a à la fois écorché et réanimé Artaud, tel un hérétique brûlant sur un bûcher.


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